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À LA RENCONTRE DE ZANELE MUHOLI


Bonjour tout le monde, aujourd'hui on se retrouve pour un nouveau format d'article, ici nous avions envie de vous partager notre ressenti autour de l'exposition sur Zanele Muholi qui se tient actuellement à la MEP de Paris, la maison européenne de la photographie.



DE LA DIFFICULTÉ À DÉCRIRE L'ART DE ZANELE MUHOLI


Qu'il est difficile d'écrire sur une exposition, d'écrire sur des photos, de changer le média d’expression, lorsque l'on fait face à des photographies d'une telle splendeur et d'une telle hauteur comme celles de Zanele Muholi. Comment fait-on pour retranscrire à l'écrit, par des mots, ce qu'un.e artiste a essayé de nous transmettre par l'image, par la vue, par le regard, par l'attention ? La réponse est simple : on ne peut pas, écrire et photographier, ce sont deux choses différentes.



PHOTOGRAPHIER POUR LUTTER CONTRE LA VIOLENCE


Zanele Muholi est un.e activiste sud-africain.e qui consacre sa vie à documenter par la photographie, l’histoire, les combats, des personnes racisées de la communauté LGBTQIA+. Face aux violences persécutantes, meurtrières contre les personnes LGBTQIA+ en Afrique du Sud, Zanele Muholi a choisi de photographier l'amour, de photographier la beauté des corps, de photographier ceux et celles qu'on ne photographie pas habituellement, de photographier ce qui ne se photographie pas, normalement. Grâce à Zanele Muholi, la norme n'existe plus, tout devient photographiable.





DES IMAGES DIFFICILES À REGARDER MAIS IMPOSSIBLES À IGNORER


Aucune photo ne porte l'émotion de l'indifférence, toutes nous appellent. Certaines photographies sont plus difficiles à regarder que d'autres, je parle de celles où l'on a photographié la violence qui est sans appel, sans équivoque. On regarde un peu, mais on ne photographie pas, on regarde simplement, on ressent, on laisse les émotions s'installer en nous, puis on continue notre visite, sans oublier, nous avons été happés.










LA PHOTOGRAPHIE POUR RENCONTRER LA DIVERSITÉ


On est surpris aussi à découvrir des photos, des images qui ne sont pas fréquentes et qui n'existent sans doute que très peu ailleurs. En France, je n'en ai jamais vu : des portraits de femmes transgenres et non-binaires, participant à des concours de beauté queer. Il n'y en a pas un.e, plus beaux, belles, qu'un.e autres.


Au cours de l’exposition, malgré les kilomètres qui nous séparent, on rencontre des personnes LGBTQIA+ qui se battent en Afrique du Sud pour la visibilité de la communauté, pour leur survie, pour leur droit : Khumo Pulumo, Mercury Nonkululeko Duma, Révérende Nokuthula Dhladhia, Nombulelo Khumalo…..




LA MISSION DE ZANELE MUHOLI : FAIRE MÉMOIRE


Et l’on rencontre aussi, des personnes que l'on ne pourra jamais reconnaître autrement que par les photographies de Zanele Muholi, je parle ici des personnes qui sont décédées, victimes de crimes haineux en raison de leurs orientations sexuelles : Disebo Gift Makau, Mkhulu Menziwa’s, Duduzile Zozo… Dans cette section de l'exposition, c'est la mémoire qui est ici photographiée, il faut faire mémoire pour ne pas oublier, pour ne pas répéter le passé, mais il s'agit surtout ici pour Zanele Muholi, de faire la mémoire de celles et ceux que l'on ne fait pas, que l'on n'a pas fait dans le passé, ou pas assez. On découvre aussi trois témoignages de personnes transgenres, à la lecture, au fil des mots, notre gorge se noue.





DES OEUVRES QUI FONT EXISTER, CEUX ET CELLES QUE L'ON TENTE D'EFFACER


L'exposition se termine dans une salle où il y a toute une frise chronologique de l'histoire de l'Afrique du Sud, de 1948 à aujourd'hui. Une salle qui nous invite à échanger entre nous, il y a des fauteuils, des livres autour du travail de Zanele Muholi, et d'autres personnes travaillant pour la visibilité de la communauté LGBTQIA+ en Afrique du Sud. Mais très étrangement, lorsque j'y suis allé, personne n'a vraiment osé s'asseoir, personne n'a vraiment osé parler, il y a eu ce quelque chose de l'ordre du silence, du recueillement.


C'est ce qui se passe lorsque l'on découvre des œuvres de Zanele Muholi, à chaque image, on se recueille, on pense à la personne photographiée, on essaie d'imaginer sa vie, on prend le temps de la regarder droit dans les yeux. Regarder une photographie de Zanele Muholi, c'est faire exister la personne ici et maintenant. Regarder une photographie de Zanele Muholi, c'est comprendre que parfois, notre langage ne suffit pas pour exprimer une émotion. C’est difficile à expliquer par des mots ce que c’est que de regarder une photographie de Zanele Muholi.




Si vous êtes sur Paris, ou si vous êtes bientôt de passage, alors, courez-y vite, l'exposition se tient jusqu'au 21 mai.

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